Francois Hollande reste assez sceptique face à la "soudaine repentance" de Nicolas Sarkozy concernant le dîner au Fouquet's, il a aussi attaqué ses propositions de mercredi soir

Dans son livre "Changer de destin", François Hollande écrit "qu'il faut aussi des riches dans la société", comme pour clore ce vieux malentendu.

L'Express

Tout a commencé en juin 2006. Invité à débattre avec Michèle Alliot-Marie sur le plateau de Mots Croisés sur France 2, François Hollande lâche cette phrase: "Oui, je n'aime pas les riches, j'en conviens".

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Depuis, François Hollande a plusieurs fois reparlé des plus fortunés sans jamais véritablement éclaircir son rapport avec eux.

L'été dernier lors de l'université d'été du PS, il joue ce qui va devenir l'un de ses sketchs les plus connus, celui de la "manif de riches". Il ironise sur les grands patrons français, à l'instar de Maurice Lévy, qui désirent être davantage taxé. "Qu'ils nous attendent, nous arrivons", leur promet-il alors.

Depuis le plus doué des humoristes du PS a laissé tomber ce registre, campagne présidentielle oblige, adoptant une posture plus sérieuse et consensuelle. Mais sur le fond, sa pensée n'a guère évoluée.

C'est pourquoi lors de son meeting au Bourget en janvier, il déclare la guerre au monde de la finance. "Dans cette bataille qui s'engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance" assène-t-il.

Surprenant même ses proches, il est contraint de s'expliquer. Il justifiera sa position en se référent au général de Gaulle qui confia à André Malraux à la fin de sa vie: "Je n'ai eu comme seul adversaire que l'argent qui n'a cessé d'être devant moi".

"Il faut aussi des riches dans la société"

Mi-février, sur BFM TV, il est à nouveau interrogé sur sa phrase de 2006. Et cette fois, le candidat socialiste enfile sa panoplie d'équilibriste. Sans faire de mea-culpa, il confesse cependant ne vouloir "stigmatiser personne" et reconnait "qu'il y a des richesses fondées sur le talent, sur le mérite, sur l'engagement, sur la création d'entreprise" qu'il salue. Toutefois, il renouvelle ses critiques aux richesses "insolentes" et "indécentes" qui ne sont pas "le fruit d'un travail".

Dans son livre, le candidat socialiste assure "qu'il faut aussi des riches dans la société", comme pour clore ce vieux malentendu.

Mais à peine François Hollande tente-t-il de recoller les morceaux, qu'il ne peut finalement s'empêcher de revenir à la charge contre les plus fortunés. Lundi soir, le favori des sondages a en effet donné des sueurs froides à ceux qui gagnent plus d'un million d'euros par an, en leur promettant de les taxer à hauteur de 75%. Une proposition inédite et inattendue qui a surpris y compris dans son propre camp.

Il n'en fallait pas plus pour ses opposants. Depuis lundi soir, ils ne cessent de pilonner cette annonce. "Hollande veut chasser de France les quelques riches qui peuvent y rester", jure Bernard Accoyer. Luc Chatel prétend quant à lui que "François Hollande veut qu'il y ait moins de riches" alors que "Nicolas Sarkozy veut qu'il y ait moins de pauvres". Pour François Bayrou, "le déconnomètre marche à plein tube".

L'économiste classé à gauche Thomas Piketty salue par contre une idée "non seulement possible économiquement, mais souhaitable". Il rappelle qu'aux Etats-Unis, "des années 30 jusqu'en 1980, jamais le taux supérieur (d'imposition des plus riches, ndlr) ne descendit au-dessous de 70%", ce qui n'a manifestement pas empêché ce pays d'être la première puissance mondiale.

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