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CENSURE, subst. fém.
I.− HIST. ROMAINE. Dignité et fonction de censeur*. Durant la censure de Caton (Ac.).
P. anal. [Sous la Révolution] La Censure publique :
1. La censure publique, un tribunal d'état, et un tribun du peuple, un dictateur momentané, pouvaient seuls terminer nos malheurs, nous délivrer des ennemis de la patrie, établir la liberté et cimenter la félicité publique; ... Marat, Les Pamphlets,Appel à la Nation, 1790, p. 159.
II.− [Avec une valeur gén. péj.]
A.− Action de critiquer quelque chose ou quelqu'un.
1. Action de critiquer, de façon le plus souvent sévère en émettant un blâme, la conduite ou les œuvres de quelqu'un. Synon. blâme, critique, reproche.La modeste Mathilde craint beaucoup de mal faire aux yeux des hommes, et de s'attirer leur censure (MmeCottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 158).Écrivant (...) une censure sévère du roman de M. de Vigny (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. 6, 1863-69, p. 414).
SOCIOL. Blâme qu'un milieu social exerce sur ses membres quand ils ne se conforment pas aux règles morales ou aux valeurs admises dans le groupe, cette forme de censure pouvant aller jusqu'à l'exclusion des déviants (d'apr. Birou 1966).
2. P. ext. Critique spontanée capable de distinguer le bon du mauvais en vertu de critères plus ou moins implicites. Considéré singulièrement le lecteur [au XVIIesiècle français] s'appelle « honnête homme » et il exerce une certaine fonction de censure que l'on nomme le goût (Sartre, Situations II,1948, p. 134).
PSYCHANAL. (Selon Freud) mécanisme de contrôle analogue au refoulement qui empêche que certains désirs accèdent à la conscience, soit parce qu'ils menacent l'équilibre du sujet, soit parce qu'ils sont contraires aux interdits sociaux (d'apr. Psychol. 1969). La censure est un barrage psychique qui aboutit à un compromis, exige le remaniement, le déguisement des désirs refoulés (Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 359).
B.− Examen d'une doctrine, d'un écrit ou d'une activité par une autorité instituée à cet effet. La censure d'une pièce de théâtre, d'un film. P. méton. Organes d'exécution de cet examen.
1. Au sing., le plus souvent péj.
a) Institution créée par une autorité, notamment gouvernementale, pour soumettre à un examen le contenu des différentes formes d'expression ou d'information avant d'en permettre la publication, la représentation ou la diffusion. Censure préalable; soumettre à la censure; le bureau, la commission de censure. Demain, la censure sera levée, et les journaux vont parler en toute liberté (Delécluze, Journal,1827, p. 483):
2. La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J'accuse la censure. Hugo, Correspondance,1830, p. 465.
3. La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. Flaubert, Correspondance,1852, p. 59.
Par personnification :
4. ... j'entends aboyer au seuil du drame auguste La censure à l'haleine immonde, aux ongles noirs, Cette chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs ... Hugo, Les Chants du crépuscule,1835, p. 104.
Rem. Quand elle concerne plus particulièrement, la censure des publications, la censure personnifiée sous les traits d'une femme acariâtre maniant de gros ciseaux est parfois appelée Anastasie : ,,« Et il me souvient qu'Anastasie, cette vieille prude qui donne si facilement son visa aux ordures débitées dans tous nos beuglants, interdit une ravissante chanson d'Henry Rubois... » (G. Nasim.)`` (Bruant 1901). Peut-être p. réf. à Ste Anastasie, martyre du début du ives., que la tradition hagiographique représente avec les seins coupés; cf. L. Réau, Iconogr. de l'art. chrét., Iconogr. des Saints 1, Paris, P.U.F., 1958, s.v. Cette tradition, qui représente aussi la Sainte à côté du bûcher sur lequel elle fut brûlée concerne cependant la victime de la répression et non la répression elle-même. Pour le rôle actif de la Sainte on pourrait penser à sa présence chez certains hagiographes, auprès de la Vierge au moment de la naissance de Jésus; mais aucun texte n'indique qu'elle tenait les ciseaux coupant le cordon ombilical.
P. méton.
Groupe de personnes chargé de cet examen; bureau où s'assemble ce groupe. Présenter la pièce au visa préventif de la censure (E. et J. de Goncourt, Journal,1868, p. 458).
Rare. C'était une censure, c'est-à-dire une copie destinée au ministère, et non un premier manuscrit (G. Grison, Paris horrible et Paris original,1882, p. 92).
b) En partic. [Censure + adj. spécifiant la matière sur laquelle s'exerce la censure]Censure ecclésiastique, militaire; censure dogmatique, dramatique :
5. ... il vous [au Ministre de la guerre] appartient en particulier, pour ce qui regarde la censure militaire, d'apprécier dans quelle mesure doivent être limitées, en temps de guerre, les libertés de publication, d'affirmation et de critique, auxquelles notre presse s'est habituée en temps de paix. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 385.
c) P. anal. Contrôle exercé par la direction d'un parti politique ou de tout autre groupement idéologique sur des publications ou déclarations publiques de ses membres.
2. Au sing. et au plur. Jugement prononcé par l'autorité exerçant la censure. La peine de la censure.
a) DR. CANON. Jugement qui porte condamnation d'un ouvrage, d'une doctrine; p. ext. mesure disciplinaire telle que excommunication, interdiction ou suspension d'exercice et de charge ecclésiastique, prononcée par une autorité ecclésiastique contre un de ses membres coupables, en vue de l'amendement (censure médicinale). Encourir les censures ecclésiastiques. Il releva le prêtre repentant des censures, de l'excommunication et de l'interdit pour hérésie et schisme, et prononça la sentence d'absolution (Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 332):
6. Quand un mouvement ou une école comporte pour ses adhérents des dangers d'erreur ou de déviation dans l'ordre de la pensée et dans l'ordre de l'action (...) ceux-ci, quand ils sont assez pressants et assez graves, suffisent évidemment à motiver les censures de l'église. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 197.
b) ADMIN. et INSTIT. Peine disciplinaire prononcée par un corps à l'égard d'un officier ministériel, d'un magistrat ou d'un membre d'une assemblée politique qui auraient gravement manqué aux devoirs de leur charge :
7. La peine de rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal est rendue applicable à tout député qui a adressé à un ou plusieurs de ses collègues des injures, provocations ou menaces. Il n'apparaît pas, cependant, que le dernier paragraphe de l'article 106, qui prescrit la peine de la censure comme sanction pour ces faits, ait été annulé. Lidderdale, Le Parlement fr.,1954, p. 293.
Spéc. Désaveu public de l'action du gouvernement formulé par une assemblée parlementaire dans une motion et sanctionné par un vote. Motion de censure :
8. ... en droit, le gouvernement n'est tenu de démissionner que si, dans certaines conditions très précises et à une majorité spéciale l'Assemblée vote une motion de censure ou un rejet de la confiance. Ceci transforme la portée juridique des ordres du jour. G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 458.
Prononc. et Orth. : [sɑ ̃sy:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1387 « mesure disciplinaire prise par l'Église contre un de ses membres » (A.N. JJ 64, fo287 rods Gdf. Compl.); b) 1656 « condamnation (d'une doctrine, d'un texte ou d'une œuvre ...) prononcée par l'Église » (Pascal, Provinciales, I, 1904-14, t. IV, p. 144 ds IGLF); 2. mil. xvies. « action de critiquer les œuvres, les paroles ou la conduite de qqn » (Du Bellay, Œuvres, t. II, p. 104 ds IGLF); 3. 1690 « charge du magistrat romain appelé censeur » (Fur.); 4. av. 1791 « sanction prise dans une assemblée contre un de ses membres » (Mirabeau, Règlement, 11 ds Brunot, t. 9, p. 776, note 1); 5. 1790 « contrôle des publications par la soumission à une autorisation préalable » (Le Moniteur, t. 3, p. 142); 6. 1927 psychanal. (Du Bos, Journal, p. 293). Empr. au lat. censura d'abord « charge, dignité de censeur » puis « jugement, examen » attesté dep. le iies. en lat. chrét. au sens de « jugement sévère, rigueur » (censura divina, Tertullien ds TLL s.v., 805, 34) d'où est directement empr. 1 a; 6 est empr. à l'all. Zensur, terme de psychanal., employé par Freud dep. 1897 (Lettre à W. Flies, 22 déc. 1897 ds Aus den Anfängen der Psychoanalyse, Imago Publishing, Londres, 1950, p. 255 : Hast Du einmal eine ausländische Zeitung gesehen, welche die russische Zensur an der Grenze passiert hat? Worte, ganze Satzstücke und Sätze schwartz überstrichen, so daß der Rest unverständlich wird. Solche russische Zensur kommt zustande bei Psychosen und ergibt die scheinbar sinnlosen Delirien. Cf. également Das Unbewusste [1915], Gesammelte Werke, Imago Publishing, t. 10, 1949, p. 290 et Die Libidotheorie und der Narzissismus [1916-17] ibid., t. 11, 1961, p. 444). Fréq. abs. littér. : 512. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 151, b) 889; xxes. : a) 417, b) 472. Bbg. Schmidt (H.). Fr. vivant. Rech. lexicol. Praxis. 1970, t. 17, no1, pp. 72-74.