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Washington juge plausible une évasion du Covid-19 d'un laboratoire chinois

Les agences de renseignement des Etats-Unis prennent au sérieux l'hypothèse d'une évasion accidentelle d'un labo P4 de Wuhan du coronavirus de chauve-souris responsable de la pandémie. Pékin dénonce une « farce politique ». Un prestigieux institut scientifique américain est mis en cause pour ses liens opaques avec Wuhan.

L'Institut de virologie de Wuhan est soupçonné d'être à l'origine de la pandémie.
L'Institut de virologie de Wuhan est soupçonné d'être à l'origine de la pandémie. (Koki Kataoka/AP/SIPA)

Par Yves Bourdillon

Publié le 2 nov. 2021 à 16:08Mis à jour le 2 nov. 2021 à 18:42

Le mystère sur l'origine du Covid-19 a été l'occasion d'un nouvel échange acrimonieux entre Washington et Pékin ces derniers jours. Un des rapports de synthèse des cinq principales agences de renseignement américaines, déclassifié vendredi, estime que le virus Sars Cov 2 responsable de la pandémie pourrait aussi bien être d'origine naturelle que le résultat de l'évasion accidentelle d'un laboratoire de la ville de Wuhan.

Si quatre de ces agences penchent légèrement pour une piste naturelle, sans détailler pourquoi, le FBI privilégie plutôt la fuite accidentelle et toutes ces agences jugent les deux hypothèses «plausibles». Quand bien même le Sars Cov 2 aurait été cultivé, voire manipulé dans ce labo P4, à travaux sensibles, les agences américaines ne croient toutefois pas que ce fut afin de mettre au point une arme biologique. Elles estiment que le mystère ne pourra être élucidé qu'au prix de la coopération pleine et entière de Pékin.

Pékin dénonce une farce

Malgré le ton relativement peu polémique de cette synthèse, Pékin a dénoncé comme une « farce politique » le fait même que ces agences envisagent la piste d'une évasion de l'institut de virologie de Wuhan (WIV), bien que les premières infections ont été repérées en décembre 2019 à quelques rues de là. Pékin avait initialement affirmé que la pandémie provenait de coronavirus parasitant des chauves-souris vendues sur le marché à proximité, mais il a été établi en avril 2020 que ce marché n'avait jamais vendu de chauve-souris.

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Le régime chinois est d'autant plus sur la défensive que le Congrès a divulgué mercredi dernier des informations embarrassantes sur les travaux menés par le WIV. En cause, le prestigieux NIH (National Health Institute) américain, qui avait déjà reconnu, à rebours de ce que jurait l'été dernier le numéro un de l'establishment sanitaire américain, Anthony Fauci, avoir financé à hauteur de dizaines de millions de dollars des travaux de manipulation de virus par le WIV .

Il a admis il y a six jours que cette collaboration opérée par l'intermédiaire d'une ONG new-yorkaise, Eco Health Alliance, avait été bien au-delà de ce qui avait été convenu initialement dans le partenariat. Eco Health Alliance, qui collabore avec le WIV depuis longtemps, aurait caché que ces travaux avaient abouti à décupler la dangerosité de certains virus sur des souris.

Des expériences trop risquées

Ces travaux, dits « gain of fonction » (GOF), consistent à insérer des gènes ou changer leur mode d'expression dans un virus afin de mettre au point traitements et vaccins. Le risque que ces germes ainsi « dopés » provoquent une catastrophe en s'évadant a poussé l'administration Obama à interdire les GOF sur le territoire américain. Mais Peter Daszak, patron d'Eco Health Alliance, et le docteur Fauci avaient obtenu de l'administration Trump une dérogation en 2017 pour des travaux à Wuhan.

Eco Health Alliance avait même sollicité des crédits en 2018 auprès de la Darpa, l'agence de recherche militaire des Etats-Unis, qui avait refusé. Motif : trop risqué. Ce qui peut d'autant plus se comprendre qu'il est avéré qu'un cousin du SARS Cov 2, responsable d'une épidémie en 2003, s'était ensuite évadé à deux reprises de laboratoires chinois où il était étudié.

Autres éléments inquiétants sur les travaux financés par le NIH et Eco Health Alliance qui expliquent peut être l'embarras du complexe scientifique américain depuis le début de la pandémie. La directrice scientifique du WIV, Shi Zenghli, spécialiste mondialement connue des coronavirus de chauve-souris, s'était aussi vantée, dans un article paru dans « Nature » en 2015 d'avoir créé en collaboration avec l'université de Caroline du Nord une chimère de virus dotée d'une protéine particulière dite « Spike », lui donnant la capacité d'infecter très efficacement des cellules de poumons de souris. Protéine qu'on retrouve dans le Sars Cov 2.

Les agences américaines de renseignement ont aussi admis qu'il est désormais possible de réaliser des manipulations génétiques sans laisser de traces : impossible de distinguer un virus naturel d'un virus bricolé.

Yves Bourdillon

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